T2 : Chroniques diplomatiques
D' Abel Lanzac. Christopher Blain et Clémence Sapin
Voyez la première de couverture: l'immensité du décor, très haut, très ocré (doré?) ne permet pas de distinguer au premier coup d'oeil, le personnage en bas de la scène. Il faut vraiment descendre du titre, le long des lourdes tentures pour apercevoir, en bas, la longiligne silhouette noire qui cherche à s'imposer dans la lumière, membres écartés au point de faire corps avec le mobilier. Seule tache de couleur, insolite: le petit livre rouge entre les mains du personnage déjà grand, dans une place encore plus grande.
Le ton est donné: C'est le ministre ! Qu'est ce que c'est qu'un ministre ? C'est la question qu'ont posée les lecteurs de la bibliothèque d' Ourouer quand ils m'ont suggéré de présenter cette
bande dessinée.
Elle a parfois été lue à plusieurs niveaux: certains y ont vu la satire de tel ministre, d'autres y distinguant plutôt la description du travail d'équipe d'un ministère, en l' occurrence celui des affaires étrangères.
Arthur Vlaminck a l'honneur de se voir choisi par le ministre Alexandre Taillard de Vorms (Remarquez, au passage, l'élégance des patronymes) pour rédiger ses discours. Au départ, quand il lui dit "vous serez aux langages", le jeune Arthur ne se sent plus de joie, d'obtenir un job aussi haut de gamme et facile...il ne va pas tarder à déchanter...Il se laisse aller à un gonflement d'orgueil auprès de sa gentille copine, qui lui fait quand même remarquer que ce ministère n'est pas exactement de leur habituelle couleur politique. Elle est vraiment indulgente la gentille copine, car le téléphone d'Arthur sonne désormais dans les moindres instants de leur vie privée.
Arthur s'habitue vite à l'équipe, aux contacts des responsables adéquats, aux secrétaires -juste bien comme il faut.
Quant au lecteur , il découvre les coulisses du ministère des affaires étrangères, l'interdépendance de ses membres, de ses cabinets, de ses commissions.
Arthur épouse le comportement et la personnalité de ses chefs, jusqu'à exaspérer la charmante copine. Désormais il ne vit plus que pour la reconnaissance de ce ministre qui absorbe toute son existence...