Il était annoncé "théâtre de rue", spectacle en plein air et la météo me faisait craindre un ajournement, aussi, c'est sans trop d'illusion et dans un fin brouillard que je m'y suis rendue.
J'arrivai par un petit sentier débouchant sur la place de l'église, quand, mes yeux embrumés par la pluie, j'aperçus l'installation...c'était de bonne augure. J'étais très en avance, et j'ai pu débarquer doucement dans les prémices du spectacle.
Les spectateurs arrivèrent petit à petit, accueillis par le vin chaud des organisateurs, et nous avons eu tout le temps de discuter entre nous et avec les artistes. Les enfants patouillaient gaiement dans les flaques d'eau. La nuit s'installait et nous ne savions pas trop par où les saltimbanques allaient arriver.
Une piste avait bien été tracée en arc de cercle sur le sol...
...et ils sont arrivés par où on ne les attendait pas...
Ils, c'est la moto, la carriole, et l'homme..
Ils s'arrêtent devant nous, arrivant d'un long voyage (le Grand Bornand, semble-t-il). Le motocycliste arrête alors le moteur et nous jette des regards peu amènes. Il se présente "J'm'appelle Zacco, je viens de nulle part et j'y rtourne".
Un tantinet irrascible il fouille dans ses "fontes", sort un rasoir de coiffeur, d'un air de défi, l'aiguise sur sa veste
en cuir et se rase....puis il déballe sa carriole avec fracas jusq'u'à en sortir
sa femme qu'il jette par terre comme le reste, puis il dessine un cercle sur le
sol qu'il embrase, incendiant sa femme au passage....elle se lève dans toute sa
beauté se tartine un sourire de rouge à lèvres et nous le présente "Capitaine Zacco! laaaa Force"!
Il tord des barres de fer, soulève les enfants accrochés au bout d'une barre, jongle
avec des bâtons enflammés, crache le feu etc... Elle,bien douce, récite des phrases qui
nous promettent du bonheur si on lui donne un ptit sou, que lui fait brûler dans
un chaudron, il le renverse, nous mystifie, avec un regard de défi, toujours. Il en sort des particules de métal fondu et des pièces
porte-bonheur qu'elle donne aux gens contre un petit papier payé un sou, toujours, avec des formules pour porter bonheur...
Ils finissent par repartir sur la
moto,on ne sait pas par où, lui devant, elle sur la carriole, triomphante (c'est son homme)....et nous...nous restons...